Page:Bosquet - La Normandie romanesque.djvu/209

Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
CHAPITRE IX.

influence providentielle. Les personnes qui visitent la pierre levée de Colombiers doivent, si elles désirent se marier, monter sur la pierre, y déposer une pièce de monnaie, et sauter du haut en bas[1]. Le procédé est expéditif, mais on ne dit pas si l’union qu’il amène est toujours avantageuse.

Deux pierres renommées, aux environs de Bayeux, sont aussi l’objet de vœux et d’offrandes du même genre ; l’une est la pierre de la fontaine Saint-Julien, l’autre est située à Saint-Nicolas-de-la-Chesnaye. Cette dernière ne reçoit en tribut que des pièces de monnaie trouées[2] ; sans doute par suite de ce préjugé, dont nous ne saurions définir la cause, qui fait considérer toutes les monnaies sur lesquelles un trou a été pratiqué, comme autant de talismans favorables.

M. le baron de Montbret, membre de l’Institut, ayant visité, en 1820, un dolmen près de Guérande, trouva, dans les fentes de cette pierre, des flocons de laine de couleur rose, liés avec du clinquant. On lui dit, dans le pays, que ces objets avaient été confiés à la pierre par des jeunes filles, dans l’espoir d’obtenir la faveur d’être mariées dans l’année, et que ces dépôts se faisaient toujours en cachette des curés[3]. On ne peut douter de l’ancienneté de ces pratiques, si on les rapproche des notions que l’histoire nous a léguées sur le culte des pierres. Non-seulement on faisait aux pierres certaines offrandes, mais encore on les ornait de guirlandes de fleurs, on les oignait d’huile ou de lait, et on les enveloppait de la toison des brebis.

Il paraît, au reste, que les divinités incorporées aux pierres étaient favorables au mariage ; en voici une nouvelle preuve : Les filles du Pollet se mettent en peine de chercher et de recueillir, sur le rivage, une pierre blanche d’une forme parti-

  1. De Caumont, Cours d’Antiq. monum., t. I, p. 120.
  2. Mangon de la Lande, Mémoire sur l’antiquité des peuples de Bayeux, p. 49.
  3. De Caumont, Cours d’Antiq. monum., t. I, p. 120.