Page:Bosquet - La Normandie romanesque.djvu/197

Cette page a été validée par deux contributeurs.
164
CHAPITRE IX.

Cette différence de situation les a fait distinguer en deux classes : les premiers sont appelés Pierres posées, Pierres plates, Tables ; les seconds sont nommés Menhirs ou Peulvans, mots d’origine celtique, dont l’un signifie pierre longue, et l’autre pilier-pierre. Le peuple a encore appliqué, aux monuments de cette seconde espèce, les désignations de Pierres butées, Pierres fiches ou Pierres fichées. On comprend, sous le nom celtique de Dolmen, table-pierre, une sorte d’autels rustiques, composés de deux ou de plusieurs pierres assises perpendiculairement, qui supportent une autre pierre souvent aplatie et de grande dimension, posée dans un sens horizontal. Ces monumens ont reçu le surnom de Pierres levées ; dans leur forme la plus simple, ils sont appelés, en quelques endroits, Trépieds. Les Galeries couvertes ou Avenues consistent en deux rangées parallèles de pierres brutes, contiguës et plantées debout, sur lesquelles s’appuient, en manière de toit, de longues dalles ou des fragments de roches horizontalement alignées. Enfin, des Enceintes, d’une dimension plus ou moins considérable, formées de pierres plus ou moins volumineuses, disposées sur un plan symétrique, semblent présenter les premières ébauches d’un édifice régulier. Il faut encore classer, parmi les monuments druidiques les plus intéressants, les Tombelles ou Tumulus, monticules artificiels, composés d’une agglomération de cailloux, ou de monceaux de terre, et variant dans leur forme et dans leurs dimensions. On attribue aussi une origine druidique à une espèce singulière de monuments appelés Logans ou Pierres branlantes. Ce sont des pierres énormes, dont l’une est placée sur la pointe ou l’arête de l’autre, dans un équilibre si parfait, que le moindre effort suffit souvent pour mettre en mouvement la pierre supportée.

Avant de nous occuper des remarques particulières auxquelles peuvent donner lieu ces différentes espèces de monuments, il faut tenir compte d’un fait qui domine leur histoire ; c’est que la coutume d’ériger des pierres appartient à l’enfance de toutes les civilisations, et que, dans tous les lieux où cette