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river à la découverte des trésors cachés, par un moyen plus simple qu’aucun de ceux que nous avons indiqués, et qui ne doit amener nul fâcheux résultat, soit pour la conscience, soit pour la vie. Les Chiens noirs, dit-on, à qui est confiée la garde des trésors, se rendent parfois le soir dans quelque demeure du voisinage. Si les habitants de la maison se montrent hospitaliers, s’ils ne s’éloignent point avec répugnance du chien noir, s’ils lui donnent libéralement à manger, celui-ci finira par parler, c’est-à-dire conduira son hôte à la mystérieuse cachette, et lui permettra de lever le trésor sans qu’il lui en arrive aucun mal. On cite, dans certains villages, des personnes enrichies de cette façon[1].

Chaque trésor caché a son histoire ; car il se lie toujours, à l’existence ou à la découverte d’un trésor, certaines particularités surprenantes et dramatiques : traits d’imagination empruntés, comme nous l’avons remarqué déjà, au système des croyances générales. Nous avons rassemblé ici quelques-uns de ces épisodes, dont nous pouvons garantir l’authenticité traditionnelle.

Dans le bois du Manoir-Fauvel, et au-dessus du sol, il y a une pierre qu’on n’a jamais pu soulever. Un animal, sujet à des transformations très capricieuses, fait sentinelle, la nuit, à cette place. Si un cavalier vient à passer par là, l’animal se jette en croupe derrière lui. Dès qu’il sent ses flancs pressés par ce fardeau diabolique, le cheval s’élance et va un train d’enfer, tant que la nuit dure. À l’approche du jour, l’animal descend, le cheval reprend son allure ordinaire, le voyageur se remet en sa route. De ces espiègleries du diable, les croyants préjugent qu’il y a de quoi, c’est-à-dire un trésor sous la pierre du Manoir-Fauvel.

Autrefois, il y avait un trésor caché dans la propriété dite du Fourneau, à Sainte-Croix-sur-Aizier ; il était gardé par un animal ressemblant à une oie. Un villageois, dont les descen-

  1. P. Le Fillastre, Superst. du canton de Briquebec ; ( Annuaire de la Manche, 1832, p. 219.)