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ses soldats aperçoivent Jérusalem. Saint-Louis n’en demeure pas moins une date dans l’œuvre de R. Rolland, curieux d’abord, comme l’a fait remarquer Paul Souday (Temps, 23 avril 1913), « à titre de document psychologique », mais aussi comme essai de reconstitution historique. La pièce est plutôt destinée à être lue dans un fauteuil que jouée sur un théâtre. Les dialogues et les tirades en sont d’une belle langue souple et harmonieuse ; telle scène entre Rosalie de Brèves[1] et le Roi ou l’adieu de Saint-Louis mourant devant la « mer verdoyante et dorée qui voile, là-bas, dans le lointain brumeux, la douce terre de France » feraient grand effet au théâtre, si quelque directeur avait la curiosité de tenter l’expérience.

Shakespeare est son maître au théâtre.[2] « Malgré Tolstoï, malgré Wagner, me disait-il dans une lettre en 1909, Shakespeare est de tous les artistes celui que j’ai constamment préféré depuis l’enfance. Et si ses drames historiques ne sont pas la seule partie de son œuvre que j’aime, du moins ils ont eu l’influence la plus directe sur moi en m’ouvrant les horizons de ce monde artistique nouveau et en m’en présentant les modèles incomparables ».

Mais voici que la Revue d’Art dramatique se reconstitue, élargit son programme et inaugure, en novembre 1896, une nouvelle série ; R. Rolland fait partie de ses collaborateurs réguliers et c’est là qu’il publie ses premiers articles de critique et d’histoire musicale (La Passion à Salzbach"")[3] (n° de septembre 1898) et qu’il donne par fragments, de mars à mai 1898, sa nouvelle pièce

  1. C’est un nom qui, certainement, rappelle le village près de Clamecy, où un parent de R. Rolland eut longtemps une étude et où lui-même, enfant, vint passer souvent les vacances.
  2. R. Rolland prépare un livre entier sur Shakespeare dont il a publié un fragment. Cf. Bibliographie n° 104.
  3. Cf. bibliographie n° 33.