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suivi, et ne cessaient de rendre des services, quoique leurs sympathies pussent bien être ailleurs. Plusieurs fois, ils étaient allés parlementer avec les tirailleurs ennemis ; mais les renseignements qu’ils rapportaient à l’état-major-général devaient lui paraître suspects ; le fait est qu’à aucun prix on ne pouvait se procurer des émissaires sûrs, et telle était, au point de vue arabe, la nationalité et surtout la sainteté de la cause de Zaatcha, que le peu d’intelligences qu’on avait pu établir chez l’ennemi ne pouvaient, tout au plus, être considérées que comme servant aux deux partis.

Nous étions sans nouvelles d’Alger. Le courrier qui portait les dépêches du gouverneur, et qui devait avoir mes lettres de Paris, venait d’être enlevé par les Arabes. Nous approchions à grands pas de l’époque qu’avant de quitter Paris j’avais fixée pour mon retour à l’Assemblée législative, et il n’y avait pas de probabilité que nous touchassions au dénouement de l’expédition. Le général, fermement résolu à ne lever le camp qu’après avoir eu raison de Zaatcha, semblait décidé à ne plus livrer d’assaut, et à attendre des renforts, pour compléter l’investissement de la place et la réduire par le feu de l’artillerie. Chacun comprendra que ce plan, sans doute le meilleur, pouvait nous mener fort loin, et bien qu’il ait été modifié, Zaatcha ayant été pris d’assaut, cet événement final n’a pu avoir lieu que le 26 novembre, sans compter que les opérations successives et secondaires ont prolongé la campagne jusqu’au mois de janvier.

On a vu à quelles conditions j’avais consenti à y prendre part, conditions tellement nettes et incontestées jusqu’alors, que l’idée ne me vint seulement pas qu’on pourrait me