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abondantes, ni un sol fertile sous un climat sain, ne manqueront aux nouveaux colons. Puissent ces avantages adoucir leur sort, et leur rendre moins cuisants les regrets de l’exil !

J’employai la journée du 18 à visiter tout ce que Batna renferme de remarquable. La population civile m’a paru commerçante, industrieuse et prospère. Des boutiques bien assorties, un établissement de bains, des plantations très productives, dénotent les progrès qu’en persévérant dans son travail elle est appelée à faire tous les jours. Les établissements militaires, magasins, casernes, hôpitaux, sont dignes d’attention. Les charpentes de ces divers bâtiments sont toutes en bois de cèdre, que l’on retire d’une belle forêt qui couronne la cime d’une montagne voisine. Le cèdre ne justifie pas, du reste, sa réputation, et, en Algérie du moins, il paraît qu’il se détériore en peu de temps.

Dans la visite que je fis aux hôpitaux, je m’entretins avec plusieurs de nos blessés qui revenaient de la colonne du général Herbillon, et ce ne fut pas sans émotion que je reconnus parmi eux un garde mobile, jeune Parisien engagé depuis peu dans la Légion étrangère. Il avait reçu toute la décharge d’un tromblon ; couvert de blessures, il ne s’inquiétait que de son frère, volontaire comme lui, et qu’il avait laissé dans les Ziban ; heureusement, l’officier de santé répondait de sa guérison.

Le 19 octobre, après avoir pris les ordres de mon lieutenant-colonel, je dis mon lieutenant-colonel, puisque je savais déjà que j’étais destiné au commandement du 3e bataillon du 2e régiment de la Légion étrangère ; après avoir pris