Page:Bonaparte - Un mois en Afrique, 1850.djvu/28

Cette page n’a pas encore été corrigée

et invite de nombreux affidés au banquet sacré, où il donne le signal de l’insurrection. M. Séroka, jeune et vaillant officier du bureau arabe de Biscara, se porte à Zaatcha, avec quelques cavaliers, pour arrêter Bou-Zian et ses fils. Déjà ce fanatique était entre ses mains, quand, attaqué à l’improviste, M. Séroka se voit contraint de battre précipitamment en retraite, ramené à coups de fusil par toute la population ameutée. Le lendemain, un détachement beaucoup plus fort est repoussé à son tour, et la révolte gagne des proportions inquiétantes. Bou-Zian en est le chef ; c’est un homme de quarante ans, énergique, intelligent, courageux, fameux tireur. Il n’était pas marabout ; mais depuis ses prétendus entretiens avec Mahomet, il avait joué le personnage religieux, et il jouissait d’une réputation de sainteté bien établie.

Tout porte à croire que si M. de Saint-Germain avait pu rentrer immédiatement à son poste, et diriger de suite un bataillon sur Zaatcha, il aurait eu beau jeu de cette levée de boucliers. Malheureusement, l’expédition de Kabylie obligea le général Herbillon à le retenir, avec mille hommes placés sous ses ordres, et lorsque, avec ces troupes, il fut de retour à Batna, le 5 juillet, l’insurrection avait fait de grands progrès. Le Sahara tout entier s’agitait à la voix de ses marabouts ; les montagnards des Aurès étaient en pleine rébellion ; notre caïd des Ouled-Sultan avait trouvé la mort en défendant notre souveraineté ébranlée ; enfin, les Ouled-Denadj, révoltés contre leur chef Si-Mokran, avaient enlevé sa smala et blessé dangereusement son fils Si-Ahmed. Ce brave et intéressant jeune homme, doué de la figure la plus distinguée, est notre grand partisan, il a visité Paris, parle un peu français, et se trouve