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l’ancien régime, fort de nos défaites, de nos dissentions intestines, de la faiblesse du gouvernement, s’avançait menaçant à la tête de la coalition étrangère. La liberté, au lieu de commencer à réagir par elle-même, comme le dit M. de Lamartine, était un mot vide de sens ; car les seules lois en vigueur étaient les lois d’exclusion ou de proscription. Il y avait cent quarante-cinq mille Français en exil. Les anciens conventionnels étaient exclus de tous les emplois. L’écrivain dont les paroles tendaient à attaquer la forme existante du gouvernement était passible de la peine de mort. La loi des ôtages, qui détruisait la sécurité de deux cent mille familles, était maintenue dans toute sa rigueur. Des entraves sans nombre arrêtaient la liberté des cultes. Les persécutions des théophilanthropes avaient soulevé la Belgique ; les prêtres réfractaires ou assermentés gémissaient également en prison ou en exil. La loi de l’emprunt forcé produisait les plus funestes effets sur les propriétés ; les domaines nationaux avaient cessé de se vendre, et les ressources du revenu public étaient taries. Tel était l’esprit, telle était la liberté qui régnaient à cette époque malheureuse. Le général Bonaparte débarque à Fréjus, et, « la France, » dit M. de Cormenin, homme positif et national, « la France, effrayée du dehors, inquiète du dedans, court au-devant d’un homme, les mains pleines du pouvoir, et lui dit : Sauvez-moi ! » (Discours sur la centralisation.) Les populations violent les lois de quarantaine pour l’amener plus vite à terre, s’écriant : « Nous aimons mieux la peste que l’invasion » ; et le premier consul, à peine au pouvoir, rétablit l’ordre dans le monde moral comme dans le monde physique, apaise les dissensions, réunit tous les républicains contre l’ennemi commun, l’ancien régime ; crée la régularité dans les finances, dans la justice, dans l’administration, et fait plier sous son commandement l’armée qui murmurait. Il jette les fondements de l’égalité en établissant le Code civil, « monument législatif, » dit encore M. de Cormenin, « le plus durable des temps modernes par la solidité de ses matériaux, le plus magnifique par