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agité de divers mouvements, que je ne puis accorder. J’aime le marquis, et je dois peu l’estimer. J’estime le baron, et je voudrois l’aimer. Je hais Rosbif, et il faut que je l’épouse, puisque mon père le veut.

Finette.

Mais, madame, n’êtes-vous pas veuve, et, par conséquent, maîtresse de vous-même ?

Éliante.

Ma grande jeunesse, la tendresse que mon père m’a toujours témoignée, le bien même que je dois en attendre, ne me permettent pas de me soustraire à son obéissance.

Finette.

Quoi ! vous pourrez, madame, vous résoudre à épouser encore un homme de votre nation, après ce que vous avez souffert avec votre premier mari ? avez-vous sitôt oublié la triste vie que vous avez menée pendant deux ans que vous avez vécu ensemble ? Toujours sombre, toujours brusque, il ne vous a jamais dit une douceur ; se levant le matin de mauvaise humeur, pour rentrer le soir ivre ; vous laissant seule toute la journée, ou réduite à la passer tristement avec d’autres femmes, aussi malheureuses que vous ; à faire des nœuds, à tourner votre rouet pour tout amusement, et à jouer de l’éventail pour toute con-