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de séjour que tu as fait à Londres t’ont furieusement gâté le goût, et que tu y as même pris un peu de cet air étranger qu’ont tous les habitants de cette ville ?

Le Baron.

Les habitants de cette ville ont l’air étranger ? Que diable veux-tu dire par là ?

Le Marquis.

Je veux dire qu’ils n’ont pas l’air qu’il faut avoir ; cet air libre, ouvert, empressé, prévenant, gracieux, l’air par excellence : en un mot, l’air que nous avons, nous autres Français.

Le Baron.

Il est vrai, messieurs les Anglais ont tort d’avoir l’air anglais chez eux ; ils devroient avoir à Londres l’air que nous avons à Paris.

Le Marquis.

Ne crois pas rire. Comme il n’y a qu’un bon goût, il n’y a aussi qu’un bon air, et c’est sans contredit le nôtre.

Le Baron.

C’est ce qu’ils te disputeront.

Le Marquis.

Et moi, je leur soutiens qu’un homme qui n’a pas l’air que nous avons en France est un homme qui fait tout de mauvaise grâce, qui ne sait, ni marcher, ni s’asseoir, ni se lever, ni tousser, ni