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Lisette.

Et de mettre d’accord la Chine et le Japon.
Mais le carrosse part, et voilà qu’on l’emmène :
Moi-même je descends pour en être certaine.
(à part.)
Ils s’aiment, je le vois, et je plains leur ennui.
Monsieur les laisse seuls, et je fais comme lui.

(Elle rentre.)



Scène XIII.

LE MARQUIS, LUCILE.
Le Marquis.

Je puis enfin, au gré du penchant qui m’entraîne,
Vous voir et vous parler sans témoin et sans gêne.
Que cet instant m’est doux ! que je suis enchanté !
Ce moment, comme moi, l’avez-vous souhaité ?
Vous ne répondez rien, et votre cœur soupire.

Lucile.

À peine à mes transports mes sens peuvent suffire :
Le discours est trop foible, et je n’en puis former.
Marquis, me taire ainsi, n’est-ce pas m’exprimer ?

Le Marquis.

Oui, charmante Lucile, il n’est point d’éloquence
Qui vaille et persuade autant qu’un tel silence.

Lucile.

Mes yeux semblent sortir d’une profonde nuit ;
Dans ceux de mon amant un autre ciel me luit :
Au seul son de sa voix mon cœur se sent renaître,