Ce coup est affligeant, mais il n’égale pas,
Quoi que puisse opposer votre douleur extrême,
Le malheur d’ignorer le sort de ce qu’on aime :
Je trouve votre amour, dans ce nouveau chagrin,
Beaucoup moins malheureux qu’il n’était ce matin.
Rien n’égale, monsieur, ma disgrâce présente :
Je sens qu’elle est pour moi d’autant plus accablante,
Que je ne puis choisir ni prendre aucun parti ;
Toute voie est fermée à mon espoir trahi.
J’en vois une pour vous très simple.
Quelle est-elle ?
Poursuivez votre pointe auprès de votre belle.
Le moyen à présent, monsieur, que je la vois
Promise à mon ami dont son père a fait choix ?
Mon cœur doit renoncer plutôt à ma maîtresse ;
L’honneur et le devoir y forcent ma tendresse.
Il n’est pas question de devoir ni d’honneur ;
Il ne s’agit ici que de votre bonheur.
Monsieur, pour un moment, mettez-vous à ma place,
Feriez-vous ce qu’ici vous voulez que je fasse ?
L’amour vous feroit-il manquer à l’amitié ?