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Lisette.

Un tel rapport m’étonne.Il est pourtant fidèle.
Son service est trop dur. Sans vous, mademoiselle,
Dont la bonté m’attache, et m’arrête aujourd’hui,
Je ne resterois pas un moment avec lui.

Céliante.

Mais mon frère est si doux.

Lisette.

Mais mon frère est si doux.Oui, rien n’est plus aimable :
Son commerce est charmant, son esprit agréable,
Quand on n’est avec lui qu’en simple liaison.
Mais il n’est pas le même au sein de sa maison :
Cet homme, qui paroît si liant dans le monde,
Chez lui quitte le masque ; on voit la nuit profonde
Succéder sur son front au jour le plus serein,
Et tout devient alors l’objet de son chagrin.
Je viens de l’éprouver d’une façon piquante.
De sa mauvaise humeur vous n’êtes pas exempte.

Céliante.

Lisette, il n’est point d’homme à tous égards parfait.

Lisette.

Rien n’est pire que lui, quand il se montre en laid.

Céliante.

Tu dois…

Lisette.

Tu dois… Pour l’épargner je suis trop en colère.
Il est fort mauvais maître, et n’est pas meilleur frère :
Le nom d’ami suffit pour en être oublié.
Il ne traite pas mieux l’amour que l’amitié ;
Et la jeune Lucile en est un témoignage.