Page:Boileau - Œuvres poétiques, édition 1872.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ses livres. Le marché était conclu pour une somme assez modique, lorsque Boileau accourut, surenchérit, paya sur-le-champ, et mit dans son marché la clause que Patru garderait sa bibliothèque jusqu’à sa mort, et que l’acquéreur n’en serait que survivancier. La grande Catherine lui a volé ce trait-là, en achetant la bibliothèque de Diderot. Tout ce qu’on sait de Boileau inspire l’estime, comme ses écrits. C’est quelque chose pour un poëte illustre, que d’avoir été en même temps un galant homme. On lui représentait que ses satires lui feraient une foule d’ennemis. « Je vivrai si honnêtement, dit-il, que je ne laisserai même pas de prétexte à la calomnie. » Et il tint parole. Quand il mourut, à l’âge de soixante et quinze ans, entouré de quelques amis et d’une partie de sa famille, le dernier mot qu’il prononça fut celui-ci : « C’est une grande consolation pour un poëte qui va mourir, que de n’avoir jamais offensé les mœurs. »