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ÉPÎTRE VIII.

1675.

AU ROI.

REMERCÎMENT.


TuGrand roi, cesse de vaincre[1], ou je cesse d’écrire.
Tu sais bien que mon style est né pour la satire ;
Mais mon esprit, contraint de la désavouer,
Sous ton régne étonnant ne veut plus que louer
Tantôt, dans les ardeurs de ce zèle incommode,
Je songe à mesurer les syllabes d’une ode ;
Tantôt d’une Énéide auteur ambitieux,
Je m’en forme déjà le plan audacieux :

  1. Au moment où Boileau allait publier cette épître qu’il appelle son « remerciement au roi », le grand roi Louis XIV n’avait que trop cessé de vaincre, et Turenne venait de mourir. Le début pouvait sembler une ironie, et Boileau fut forcé d’attendre, avant de laisser imprimer sa pièce, le rétablissement des affaires.