Page:Boileau - Œuvres poétiques, édition 1872.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


SATIRE VI.

1660.

LES EMBARRAS DE PARIS[1].


EsQui frappe l’air, bon Dieu ! de ces lugubres cris ?
Est-ce donc pour veiller qu’on se couche à Paris ?
Et quel fâcheux démon, durant les nuits entières,
Rassemble ici les chats de toutes les gouttières ?
J’ai beau sauter du lit, plein de trouble et d’effroi,
Je pense qu’avec eux tout l’enfer est chez moi :[2]
L’un miaule en grondant comme un tigre en furie ;
L’autre roule sa voix comme un enfant qui crie.
Ce n’est pas tout encor : les souris et les rats
Semblent, pour m’éveiller, s’entendre avec les chats,

  1. Cette pièce faisait partie dans le principe, comme nous l’avons dit, de la première satire ; mais Boileau jugea qu’il valait mieux l’en retirer, pour en former un tableau à part, et en faire ainsi le sujet complet d’une nouvelle œuvre satirique.
  2. C’était l’époque évidemment où Boileau, comme on l’a vu dans la notice, était logé dans une petite pièce au-dessus des toits où se donnaient rendez-vous tous les chats du quartier, et dont il essaye de reproduire le concert discordant dans les deux vers suivants :

    L’un miaule en grondant, comme un tigre en furie,

    L’autre roule sa voix, comme un enfant qui crie.