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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. IV. 211 doit être solide. Mais pour donner plus de poids à ma démonstration, je me servirai tour à tour des deux propositions, demandant mes preuves tantôt à l’une, tantôt à l’autre. Deux choses sont nécessaires à l’homme pour la réalisation d’un acte quelconque, savoir la volonté et la puissance ; que l’une des deux lui fasse défaut, il est incapable de rien exécuter. La volonté absente, on n’entreprendra pas ce qu’on ne pense même pas à vouloir, et sans le pouvoir d, €XéCllt€I’, la volonté ne sert de rien. Aussi, quand tu vois un homme former un projet qui n’aboutit pas, tu peux être assuré que la Force lui a manqué pour atteindre son but. — Clest évident, dis je, et, il n’y a rien à répondre à cela. — Mais si tu en vois un autre réaliser le projet qu’il avait conçu, pourras-tu douter de sa puissance ? — En aucune façon. — Il faut donc l’admettre : un homme est Fort dans les choses qu’il peut, et faible dans celles qu’il ne peut pas. — Jlen conviens, dis-je. — Fort bien, reprit-elle ; mais tu t’en souviens, nous avons conclu des propositions précédentes que tous les efforts de la volonté humaine, si variés que soient ses désirs, tendent vers le bonheur.—Je me souviens, dis-je, que ce point a été aussi démontré.-Te rappelles-tu encore que le bonheur c’est le bien proprement dit, et que, par suite, désirer le bonheur, c’est désirer le bien ?—Je n’ai pas besoin de me rappeler cette vérité, dis-je, elle est toujours présente à mon esprit.-Donc, tous les hommes indistinctement, méchants ou bons, s’ef€orcent avec une égale énergie de parvenir au bien Ã) — Sans doute, dis-je, cela va de soi.-Mais il est certain que par l’acquisition du bien, on devient bon.— Cela est certain. — Les bons obtiennent donc ce qu’ils désirent ?— Il me semble ainsi.—Et si les méchants atteignaient le bien qu’ils poursuivent, ils ne pourraient plus être méchants ? — Assurément.-Donc, comme les bons et les méchants aspirent au bien,