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LA CONSOLATION PHILOSOPHIQUE, LIV. III, 155 Assurément, dis-je. — Donc, se suffire à soi-même et être puissant nlest qu’une seule et même chose. — Je le pense aussi.- Un semblable état te paraît-il à dédaigner ? N’est-ce pas, au contraire, le plus digne de respect ?-Il n’y a pas à cet égard de doute possible. — Eh bien ! à la faculté de se suffire il soi-même et à la puissance ajoutons la considération, et regardons ces trois qualités comme n’en faisant qu’une. — Jly consens, car il faut bien convenir de la vérité. — Quoi donc, reprit-elle, ce nouvel état te paraît-il voué au mépris, à l’obscurité, et non pas plutôt à la célébrité la plus éclatante ? Remarque que si, comme tu en es convenu, il représente l’absence de tout besoin, la puissance suprême et la considération absolue, la célébrité, à laquelle il n’aurait pu atteindre, ne saurait lui manquer sans qu’il parût, par cela seul, méprisable à certains égards.- Je ne puis nier, dis-je, que la célébrité soit une des conditions d’un pareil état.- D’où je conclus que la célébrité ne diffère en rien des trois qualités dont il a été question. — La conclusion est juste.- Mais un état où l’on ne manquerait de rien, où l’on pourrait tout par ses propres forces, ou l’on serait illustre et considéré, ne procurerait-il pas encore la joie la plus pure ?— Je ne puis même imaginer d’où pourrait s’y glisser le moindre sujet de chagrin. — Il faut donc reconnaître qu’on y jouirait d’une joie parfaite ; c’est une conséquence nécessaire de ce qui précède. Mais une autre conséquence tout aussi rigoureuse, c’est que la faculté de se suffire, la puissance, la renommée, la considération et le plaisir, si différents que soient ces noms, ne constituent qu’une seule et même chose. — On ne peut le nier, dis-jc. — Donc, c’est la sottise des hommes qui divise ce qui est un et simple de sa nature ; et de là vient qu’en s’efforçant d’acquérir une partie d’un tout qui n’a pas de parties, ils n’obtiennent ni cette partie, puisqu’elle n’existe pas, ni le tout, puis-