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qui déjà se prépare, dans tous les pays du monde, par suite de l’invasion, sur le marché du travail, de cette nouvelle armée de fourmis affamées, que traite en ennemies le prolétariat ouvrier.

Qui nous renseignera sur ce peuple féminin ? Qui nous fera pénétrer dans ses rangs, nous permettra de lire dans ses aspirations ? D’une façon générale, la pensée du peuple nous est mal connue ; jusqu’à Charles-Louis-Philippe et à M, Pierre Hamp, il n’a guère été décrit, dans l’art français, que par des romanciers bourgeois, dont le talent et la probité d’observation n’ont réussi qu’imparfaitement à saisir un modèle, plus défiant et moins simple qu’on ne croit, Nous ignorons bien davantage encore le prolétariat féminin.

« Le travail, trop longtemps, écrit mademoiselle Bodève, a été comme une sorte de punition imposée aux pauvres, pour qu’il n’en reste pas en nous quelque préjugé. Aux yeux de beaucoup de gens, la femme condamnée à travailler pour vivre demeure encore une paria. On se permet tout avec elle ; ou bien, on la plaint, si on a bon cœur. La respecter ? Peu savent ce que c’est. » Et j’ajouterai : « La connaître ? Personne ».