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poignant. Il fourmille de personnages, tous vrais, tous frappants. La première partie du roman, (très supérieure à la seconde), est un modèle de vérité sobre, d'originalité simple dans la peinture des caractères, directement évoqués, avec un don merveilleux du dialogue. Pas un livre, en France, qui ait, jusqu'ici, fait vivre avec cette vérité le prolétariat féminin de Paris. Par l'acuité et l'ampleur de la vision, par la simple grandeur de la vie simplement reflétée, j'ose dire que le livre de Simone Bodève fait, dans ses meilleures pages, penser à Tolstoï. Ici, l'auteur s’efface, ses défauts s’atténuent, et ses qualités d’intelligence des âmes atteignent à une puissance, dont je ne connais guère d’autre exemple dans la littérature féminine : non, pas même chez les plus illustres des femmes de lettres anglaises ou Scandinaves : une Eliot, une Selma Lagerlöf.

Saluons avec joie ces hauts dons créateurs ;, honorons un talent énergique, original, inégal, incomplet, un peu barbare, et qui, pour grandir, doit être sévère avec lui-même, mais où brûle la flamme de vie. Et que notre hommage s’adresse — au-delà de l'auteur de La petite Lotte, — à la petite Lotte elle-même qui