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sent, celles qui te méconnaissent, sont nées pour ta grandeur ; toutes pour toi ont souffert et dorment ou dormiront avec ta paix. Je n’ai pas su très bien juger de chacune, selon ta seule justice ; mais je tiens de loi de l’avoir tenté avec piété et dans ton espérance ».

C’est par cette prière, d’une religieuse ferveur, que s'ouvre un des romans de Simone Bodève. L’objet de l’art, pour elle, est de refléter le réel, tout le réel, clairement, purement, sans inutile beauté. Elle aime à prendre pour devise le mot de Spinoza : « Est vraie [toute chose adéquate à son objet. » Et c’est aussi la règle de son esthétique : « Est beau tout ce qui exprime exactement l'objet ». — Cette intrépide sincérité est trop rare chez une femme pour que nous ne l’admirions point.

Mais pour juger des fruits que cette loyauté d’esprit et cet amour du vrai ont pu produire, je voudrais que la lecture de ce petit ouvrage engageât à connaître l’œuvre capitale de Simone Bodève : La petite Lotte. Ici, l’on aura non plus l’analyse intelligente, mais la vision directe et tragique de la vie des ouvrières à Paris. C’est l’histoire d’une fillette du peuple, — une petite âme pure, fière, sauvage, qui, à