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merce à Paris, la description des étiolées, Au bureau pauvres plantes ligotées, sans air et sans lumière. Que de caractères variés, de types féminins intelligemment saisis ! C’est d’abord celle sur qui repose le foyer tout entier : la mère, toujours harassée, enragée de travail, grondeuse, indulgente au fond — (« elle en a tant vu » dans sa terrible vie de labeur, sans jamais une éclaircie !) — un de ces êtres, pour qui semble faite la parole hindoue : « S’il n’existait dos êtres patients, à l'égal de la terre, le monde cesserait d’exister » ! — La voici vieille maintenant, et devenue grand’mère ; n'ayant plus à peiner, elle n’a plus de courage à rien ; elle a l’idée fixe de la maladie menaçante, et ne veut pas être à charge ; elle n’est plus à l’unisson des pensées, des progrès du temps, elle essaie de le cacher, et, ne trouvant plus personne à qui se confier, elle radote interminablement avec elle-même. — Voici encore l’admirable portrait de la petite ouvrière, frivole et travailleuse, très sérieuse, « bien qu’on n’en ait pas l’air » le plus souvent désintéressée, un tantinet vaniteuse, avec ses folies, ses déceptions, son besoin de s’attacher, sa peur de la solitude plus que de la misère. » —