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et qui, sans violence, mettant à nu l'inanité des préjugés du passé (vertus et faiblesses mêlées), vont tranquillement leur chemin et préparent l'ordre nouveau, — ce que Simone Bodève, à la fin de son livre, appelle « le régime supérieur de la liberté ».

Mais l'œuvre ne vaut pas seulement par son exactitude et son indépendance ; elle a, comme tous les livres de Simone Bodève, le don de double vue : vue des yeux, vue de l'âme. Cela aussi est un don bien français. Nulle race n’a jamais possédé une telle pénétration psychologique, et le goût naturel de l'exercer, depuis des siècles. C’est qu’elle est à la fois une grande race d’action et une grande rêveuse, qui ne se contente pas de vivre vigoureusement, pour son compte, mais qui, par curiosité, par esprit d’observation, par instinct sociable, par une sorte de cordialité amusée et apitoyée, se plaît à vivre, en pensée, la vie des autres, — Voyez, dans L’ouvrière à Paris, cette suite de jolis tableaux, d’une touche précise et preste : le départ de la maison, à l’aube, dans le métro ; le déjeûner des midinettes ; les ouvrières à l'atelier ; la peinture si touchante et si juste du soir de la vie, de La vieillesse ; et surtout, dans la seconde partie : L’employée de com-