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« Attendez un moment ! Je vais demander à Victoire de venir vous donner elle-même la réponse. Quant à moi, je le connais, ainsi que son fils Antoine ; aussi je n’ai rien là-contre ; leur fortune est bien en ordre, » continua-t-il en répondant à l’entremetteur ; puis, il alla trouver sa fille pour lui en parler.

Aussitôt que Victoire eut appris de quoi il s’agissait, elle répondit sans trop de réflexion : « Qu’ils viennent ! »

Son père fut bien surpris de la voir se décider si vite ; et il lui demandait si elle connaissait Antoine, pour qu’ils ne vinssent pas en vain. Mais Victoire s’en tint à ce qu’elle avait dit : « Oui, elle connaissait Antoine Simovitsch pour un brave garçon. »

« Je suis content de lui, » dit son père ; « du reste, tout sera fait comme tu le souhaites. Qu’ils viennent donc ! »

Dans l’intervalle que son père fut sorti d’auprès d’elle pour reconduire l’entremetteur des fiançailles, sa mère entra dans la petite chambre de Victoire, lui fit le signe de la croix et lui souhaita son bonheur : « Ce qui me réjouit le plus, c’est que tu seras seule maîtresse dans ton ménage et qu’à la ferme d’Antoine tu n’auras ni belle-mère, ni belle-sœur, » ajouta la mère.

« Ah ! ma chère mère, je le prendrais, lors même que je devrais avoir deux belles-mères, » lui répondit Victoire.

« Voici qui est encore mieux ! je vois, du moins, que vous vous aimez l’un l’autre. »