Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/86

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 76 —

Pendant ce temps-là, les enfants avaient tout examiné ; les jeunes garçons du chasseur, François, et Barthélemi, s’empressaient à l’envi de leur tout montrer. Ils revenaient justement vers la maison, et en ce moment la petite chienne Anina, exécutait devant eux, sur le gazon, tous les tours qu’elle savait : elle sautait par-dessus un bâton tenu à hauteur, apportait dans sa gueule tout ce qu’on lui avait jeté, etc. Quand leur mère parut sur le seuil pour les appeler au goûter, ils ne se le firent pas dire deux fois : « Asseyez-vous sous les arbres, et ne vous salissez pas trop ! » dit la femme du chasseur, tout en servant le goûter sur les tables. Les enfants se rangèrent ; et autour d’eux, les chiens qui les regardaient fixement.

Une fois rentrée dans la chambre, la femme du chasseur pria grand’mère de vouloir bien parler de madame le princesse. Et grand’mère de raconter tout ce qui s’était passé au pavillon.

« Je répéterai toujours qu’elle a le cœur bon, » dit la femme du forestier. « Car, aussi souvent qu’elle vient ici, elle demande ce que font les enfants, et baise la petite Anna au front. Celui qui aime les enfants a de la bonté ; mais ses serviteurs parlent d’elle qui sait comment ? »

« Oui ! Faites du bien au diable, et il vous donnera l’enfer en récompense, » dit grand’mère.

« Vous avez bien raison, » reprit le chasseur. « C’est ce que je dis aussi ; nous ne pourrions souhaiter une meilleure maîtresse, si ceux qui sont autour d’elle ne l’assiégeaient pas de leurs mensonges. Car tous ces gens-là ne vivent que pour offenser Dieu. Quand j’observe tout ce qui se passe dans ce monde,