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Les enfants n’entendirent pas ce supplément ; car à peine leur avait-il dit : « Sortez ! » qu’ils étaient déjà dehors.

« En voilà une chasse ! » dit le forestier ! Mais on pouvait remarquer qu’il ne l’avait point faite à contre-cœur.

« Les enfants sont des enfants ! » dit grand’mère ; « leur sang est jeune. Ah ! si seulement ils n’étaient pas si sauvages ! » reprit la femme du chasseur. « Mais croyez bien, grand’mère, que je suis journellement dans les transes. Ça ne vous fait que grimper tout le jour après les arbres, faire des culbutes, déchirer leurs pantalons, — que ça fait peur de le dire ! Je rends grâces au Seigneur de m’avoir, en compensation, donné une bonne petite fille. — Ah ! elle, à la bonne heure ! »

« Que voulez-vous, chère dame ? la fille tient de la mère ; et le garçon, du père, » répliqua la grand’maman.

La maîtresse du lieu tendit, en lui souriant, sa petite fille à son mari, pour qu’il la tînt un moment sur ses bras. « Je reviens à l’instant, » dit-elle, « je vais chercher le goûter. »

« C’est une bonne femme, » dit le chasseur, quand la porte se fut fermée derrière elle ; et ce serait un péché que de lui faire de la peine. Si seulement elle n’était pas toujours en peur que les bambins ne se tuent ! Un garçon ? Est-ce que ça ne doit pas être comme le feu ? »

« Oui, sans doute ! Mais l’excès en tout est nuisible, mon bon compère. Si on leur laissait faire toutes leurs volontés, ils finiraient par marcher sur les têtes, » dit grand’mère, quoiqu’elle ne se conduisît pas toujours elle-même d’après ces principes.