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garde. Devant cette construction s’étendait une verte pelouse, entourée d’une haie, et plantée de tilleuls et de châtaigniers, sous lesquels étaient dressés plusieurs bancs rangés devant des tables, dont les pieds étaient affermis dans le sol. Sur le gazon se promenaient des paons dont grand’mère disait toujours qu’ils ont le plumage des anges, le cri des diables, et la démarche des malfaiteurs. Ils étaient avec une quantité de pintades tachetées, et chassieuses, de lapins blancs aux oreilles dressées, qui s’ébattaient sur le gazon, et s’enfuyaient au moindre bruit. Une belle biche, avec un joli ruban rouge au cou, était couchée au soleil, et quelques chiens se promenaient aussi dans la cour. À peine les enfants se faisaient-ils entendre que les chiens se mirent à japper joyeusement, en courant et en faisant autour d’eux des sauts qui auraient bien failli les renverser. La biche vint aussi à l’appel d’Adèle, et regardait avec ses yeux sages la petite fille aussi tendrement que si elle voulait lui dire : « Ah c’est toi qui m’apportes toujours de si bonnes bouchées ! sois la bienvenue ! » Mais probablement qu’Adèle avait lu cette pensée dans les yeux de la biche ; car elle mettait la main dans sa poche, pour en tirer un morceau de petit pain blanc, qu’elle donna à la biche qui la suivit partout.

« Qu’est-ce que ce tapage que vous nous menez-là ? eh, la bande ! » cria une voix de quelque part ; et aussitôt le garde-chasse sort du logis, en veste verte et légère, et en simple casquette. — « Eh ! mais voilà mes chers petits hôtes, » s’écria-t-il en voyant grand’mère. « Soyez les bienvenus et entrez !… Hector, Diane, Anina ! Allez vous coucher ! C’est toujours, avec