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va par le ciel, présentant des fruits aux petits enfants. Mais si la mère de quelque enfant a pourtant mangé des fruits, la sainte Vierge dit à l’enfant : « Vois-tu, mon petit enfant, tu en auras bien peu ; ta mère te les a mangés. Et c’est pourquoi les mères s’abstiennent de fruits. Et quand on a été sans y toucher jusqu’à la Saint-Jean-Baptiste, on y renonce bien encore après, » ajouta grand’mère pour finir.

La princesse tenait alors entre ses doigts une fraise douce et vermeille comme ses belles lèvres ; mais au récit de la grand’mère, elle la remit lentement dans le panier en disant : « Je ne peux plus en manger à présent ; puis mes enfants, vous n’en n’auriez plus à manger en chemin. »

« Qu’à cela ne tienne, madame la princesse ! Veuillez en manger, ou bien les emporter dans la petite corbeille, et nous en cueillerons d’autres, » répondit vite Barounka, tout en repoussant légèrement la corbeille que la princesse lui tendait.

« Eh bien, j’accepte votre présent, » dit-elle en souriant à la naïve enfant ; mais vous viendrez demain chercher la corbeille au château ; et vous amènerez grand’mère avec vous. Vous entendez ? »

« Nous irons, nous irons, » lui répondirent les enfants avec la même aisance qu’ils eussent fait à madame la meûnière les mandant au moulin. Grand’mère aurait bien voulu objecter quelque chose ; mais il en était trop tard ; la princesse s’était déjà inclinée doucement vers grand’mère ; elle sourit encore une fois aux enfants et sortit du pavillon. Puis, tendant la corbeille à son écuyer, elle s’élança