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Grand’mère se leva et la salua respectueusement.

« C’est la famille Proschek ? » demanda la princesse, en considérant les visages des enfants.

« Oui, ma gracieuse Dame, » répondit grand’mère.

« Et tu es sûrement la grand’mère ? »

« Oui, madame la princesse, je suis la mère de leur mère. »

« Tu peux être satisfaite, car tu as là des petits enfants bien portants. Et vous, enfants, obéissez-vous bien à grand’mère ? » demanda-t-elle aux enfants qui ne la quittaient pas des yeux ? À cette question, tous les baissèrent, en répondant à mi-voix : « Nous obéissons. »

« Allons ! » dit grand’mère, « ça va encore avec eux. Mais quelquefois pourtant…… Mais qu’y faire, lorsque nous n’étions pas meilleurs en notre temps ? »

La princesse sourit. Et voyant sur le banc un panier rempli de fraises, elle demandait où les enfants les avaient cueillies.

Aussitôt grand’mère fit signe à Barounka d’en offrir à madame la princesse. « Elles sont fraîches ; les enfants les ont cueillies en chemin ; peut-être que madame la princesse en mangerait avec plaisir. Quand j’étais jeune, j’aimais beaucoup les fraises ; mais depuis qu’un de mes enfants est mort, je n’en ai plus porté une seule à ma bouche. »

« Et pourquoi ? » demanda la princesse en prenant des mains de Barounka le panier de fraises.

C’est comme cela chez nous, madame la princesse. Quand une mère perd son enfant, elle ne mange plus ni cerises, ni fraises, jusqu’au jour de la Saint-Jean-Baptiste. On raconte que sainte Marie