Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/76

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 66 —

Et c’est, comme cela dans ce monde, mes chers enfants : l’un en sort, et l’autre y entre. »

Les enfants tournaient alors les regards vers la vallée. Ils y voyaient, dans leur imagination, le chevalier chevaucher et la fillette courir — et voici que tout à coup, une dame, montée sur un cheval blanc, sort du bois, se dirigeant vers le bas de la vallée, avec un écuyer qui la suit. Elle portait une jaquette de couleur foncée, une longue jupe de couleur brune et qui tombait presque à terre ; elle était coiffée d’un chapeau noir sur lequel flottait un voile vert-foncé ; son visage était encadré de beaux cheveux noirs comme du jais.

« Grand’mère ! grand’mère ! une dame costumée en chevalier ! regardez-la donc ! » crièrent les enfants.

« Et quelle idée avez-vous d’une dame habillée en chevalier ? C’est madame la princesse, » leur dit grand’mère, qui regardait en bas par la fenêtre.

« C’est madame la princesse qui monte vers nous ! » s’écrièrent-ils tous.

« Dieu sait ce que vous voyez ; comment un cheval pourrait-il grimper jusqu’ici ? » dit grand’mère.

« Mais c’est la vérité, Roland grimpe comme un chat ; regardez seulement ! » disait Jean.

« Laissez-moi en repos : je n’en veux rien voir. Ces nobles ont des distractions auxquelles je ne comprends rien, » dit grand’mère, qui empêchait encore les enfants de se pencher par la fenêtre.

Il ne se passa guère de temps avant que la princesse fût en haut. Elle sauta légèrement de cheval, ramena sa jupe longue par-dessus son bras et entra au pavillon.