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semblé auprès de la source. Chaque mouton portait une clochette au cou ; les clochettes sonnent et la jeune fille les entend. Ce sont bien les moutons de son père ! — Voici accourir le chien blanc du berger — Voici venir Barta, le berger… Et elle lui crie : « Barta ! » et court vers lui. Barta était bien joyeux de reconnaître que la demoiselle avait la parole et l’ouïe ; il la prit sur ses bras et s’empressa de la porter à la ferme qui n’était pas trop éloignée, et où se trouvait la dame de Turyn toute désolée. On ne savait comment leur fille avait disparu subitement du château, ni ce qu’elle était devenue. Tous ses habitans, avec le chevalier Turynský, étaient à sa recherche dans les forêts, pendant que la châtelaine de Turyn attendait à la Ferme-blanche. Vous pouvez vous penser quelle fut la joie de cette pauvre mère, quand Barta lui apporta sa fille, qui était guérie de mutisme et de surdité. Quand son père fut revenu, et que la fillette leur eut tout raconté, ils firent vœu de bâtir, près de la source, une petite église en actions de grâces. Et ils tinrent parole. Cette petite église que vous voyez là, est encore la même ; et la source voisine est aussi celle auprès de laquelle la petite fille avait fait sa prière ; et voilà le bois, où elle s’était égarée. Mais il y a déjà bien longtemps que la petite fille, que le seigneur Turinsky et sa femme sont morts, que Barta est mort, et que le château de Turyn demeure en ruines. »

« Et que sont devenus les moutons et le chien ? » demanda Guillaume.

« Le chien et les moutons sont crevés, les agneaux ont grandi, et ont eu de jeunes agneaux.