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charmé ; il prit à sa femme neuf aunes de toile dont il fit un sac, et s’en alla au château, où on le remplit de pois et de jambons. Il se fut bientôt acquis l’amitié du chevalier pour sa franchise et sa force de corps ; et quand un grand tournoi eut été indiqué à Prague par le roi, le chevalier l’y emmena. Le vaillant Ctibor vainquit un chevalier allemand que personne n’avait pu vaincre jusque-là, et le roi le fit, lui aussi, chevalier. Cette histoire avait beaucoup plu aux enfants, et du jour qu’ils l’eurent entendue du vieux pâtre, le château et les prairies n’en eurent pour eux que plus de charme.

« Et comment s’appelle l’endroit où est située l’église, grand’mère ? » demanda Guillaume.

« Ce lieu s’appelle Bouschin. Si Dieu nous conserve la santé, nous pourrons aller une fois la voir ; nous y ferons un pèlerinage » dit-elle.

« Et qu’est-il arrivé là, grand’mère ? » demandait Adèle, qui aurait bien écouté des récits de grand’mère, depuis le matin jusqu’au soir.

« C’est un miracle qui y a eu lieu. Ne vous souvenez-vous plus qu’Ursule vous l’a raconté une fois ? »

« Nous n’en savons plus rien. Racontez-le nous, nous vous en supplions, » demandèrent les enfants. Grand’mère ne se fit pas longtemps prier.

« Eh bien ! asseyez-vous sur le banc, et ne vous penchez pas trop sur la fenêtre, de crainte de tomber et de vous blesser ! » Cet avertissement donné, elle commença aussitôt son récit :

« Derrière cette montagne et ces bois, se trouvent plusieurs villages qui portent les noms de Turyn, Litobor, Slatina, Mečov, et Bouschin. Il y a déjà