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Dans la saison des chasses, on y servait aux seigneurs le second déjeûner. C’était vers ce point élevé que les enfants dirigeaient leurs pas, courant comme des chamois sur la montagne escarpée. La pauvre grand’mère qui avait peine à y grimper, devait se retenir, de droite et de gauche, aux petits arbres qui se trouvaient sur son chemin.

« Allons ! Vous m’en avez donné ! Je ne peux plus respirer, » disait-elle aux enfants, lorsqu’elle finit par arriver en haut.

Et alors, les enfants de la prendre par les mains, de la conduire au pavillon, où l’on jouissait, avec une agréable fraîcheur, d’un beau point de vue ; ils la firent asseoir sur une chaise. Sur leur droite, ils apercevaient les ruines du château ; à ses pieds, la vallée s’arrondissait en demi cercle ; elle était fermée à ses extrémités, en haut et en bas, par des collines couvertes de sapins. Sur l’une de ces montagnes s’élevait une petite église. Le bruissement de l’eau et le chant des oiseaux interrompaient seuls le silence qui régnait aux alentours.

Jean se souvint du fort Ctibor, ce berger du seigneur de Riesenbourg. C’était là, en bas, sur la prairie, que son maître, le seigneur du château, l’avait rencontré, comme il portait sur l’épaule tout un sapin, qu’il avait arraché de terre avec ses racines, mais qu’il avait volé dans la forêt seigneuriale. Quand le seigneur lui eut demandé où il avait pris le sapin, il avoua franchement sa faute. Le seigneur lui pardonna, et même l’invita à monter au château, avec un sac que l’on y remplirait d’autant de provisions de bouche qu’il pourrait en porter. Ctibor était