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Une fois en quinze jours, ou en trois semaines, et s’il faisait bien beau, grand’mère disait : « Nous allons passer l’après-midi, à filer, chez les chasseurs. Les enfants s’en réjouissaient jusqu’au moment où, après avoir pris son fuseau, elle se mettait en route. Derrière la digue, et sous l’escarpement du rocher, le chemin conduisait au pont ; et derrière le pont, on suivait l’allée de peupliers jusqu’à Riesenbourg. Mais grand’mère choisissait la route le long de la rivière, et en bas de la montagne jusqu’à la scierie. Au-dessus de la scierie s’élevait une montagne dénudée, sur laquelle croissaient de hauts bouillons-blancs, que Barounka grimpait cueillir, pour les apporter, joyeuse, à sa grand’maman. Derrière la scierie, la vallée se rétrécissait toujours de plus en plus ; et le lit de la rivière en devenant aussi plus étroit, son cours n’en était que plus rapide, par-dessus les grandes pierres qui obstruaient son lit. Les montagnes étaient verdoyantes de pins et de sapins, dont l’ombrage s’étendait sur toute la longueur de la vallée. Les enfants la suivaient avec grand’mère, jusqu’à ce qu’ils fussent au-dessous des ruines du château de Riesenbourg qui, toutes couvertes de mousse, émergeaient de ce fond de verdure.

À quelque distance du vieux château, et au-dessus du chemin, voûté en souterrain, par lequel on pouvait, disait-on, cheminer pendant trois heures, ce qu’on ne pouvait toutefois entreprendre, à cause de l’humidité et de la pesanteur de l’air, s’élevait un pavillon, percé de trois fenêtres en ogive.