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maisons de Jaroměř, et je voyais tout ce que l’on y faisait, aussi bien que si j’en eusse été toute proche ; et au loin, dans les champs, j’ai aperçu des gens qui travaillaient, et je les voyais aussi bien que s’ils eussent été près de moi. Je voulais présenter le tuyau aussi à marraine ; mais elle me dit ; « À quoi penses-tu donc ? Ce serait vraiment beau à dire qu’une vieille femme comme moi s’est mise à jouer de cet instrument ! » Il n’y a pas à en jouer, la petite mère, dit le monsieur : « c’est un objet d’utilité. »

« C’est peut-être vrai ; mais cela n’est pas bon pour moi, » dit marraine, qui ne voulait absolument pas regarder par le tuyau. L’idée d’y apercevoir l’empereur Joseph me vint, et je regardai alors de tous les côtés ; puis, voyant combien ce monsieur inconnu était bon, je lui dis qui j’aurais bien voulu voir.

« Et pourquoi voudrais-tu voir l’empereur ? Est-ce parce que tu l’aimes ? » me demanda l’étranger.

« Et comment ne l’aimerais-je pas, lorsqu’un chacun le loue ? et comment ne pas l’aimer pour sa bonté, sa générosité ? Aussi nous prions chaque jour le bon Dieu de le laisser régner longtemps, lui et Madame sa Mère. »

Le monsieur parut sourire et dit : « Voudrais-tu aussi lui parler ? »

« Ah ! Que Dieu m’en garde ! je ne saurais où donner de la tête. »

« Mais tu ne te troubles pas devant moi ; et l’empereur est un homme comme moi. »

« Ce n’est pourtant pas la même chose, mon jeune monsieur, » reprit marraine ; « l’empereur c’est