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l’avait seulement vu en était heureux, plus que je ne saurais dire. »

Une fois que Novotna allait porter son ouvrage, je priai mes parents de me laisser partir avec elle : « Je serais contente, leur disais je, de voir Nový Ples. » Quand ma mère vit que la voisine avait beaucoup à porter : « Va, » me dit-elle, « tu peux lui être utile à porter quelque chose. » Nous partîmes, le lendemain matin, à la fraîcheur ; et avant midi, nous arrivions dans les prairies devant Ples. Beaucoup de bois y étaient rangés ! nous nous y assîmes pour nous chausser. Ma compagne de voyage était en train de dire : « Où porterai-je bien mes couvertures à vendre ? » lorsqu’au même moment un monsieur, qui sortait de Ples, vint droit à nous. À la main, il portait quelque chose d’assez semblable à une flûte ; de moment en moment, il l’appliquait à son visage ; puis, il se tournait lentement, et tout à la ronde : « Regardez donc, marraine, » dis-je ; « c’est quelque musicien qui joue de la flûte et danse tout seul. »

« Ah ! que tu es sotte ! Il n’y a là pas plus de flûte que de musicien. Ce sera quelqu’un de ces messieurs qui inspectent les bois de construction ; je les vois souvent venir ici. Il a un tuyau dans lequel est mise une petite glace, à travers laquelle il regarde et aperçoit, de tous les côtés, ce que l’on y fait ! »

« Mais, marraine, s’il nous avait vues, quand nous mettions nos souliers ! »

« Eh bien ? qu’est-ce que cela nous fait ? Il n’y a pas de mal, » répondit marraine, tout en riant.

Pendant cette conversation, l’étranger s’avançait vers nous. Il était vêtu d’un habit gris, et coiffé