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du blanchissage du linge ; de la réussite du lin de l’année. On finissait par les gendarmes de Kramolna et la gazette criminelle. Le maître-garçon du moulin avait toujours beaucoup à dire ; mais le soir, quand les gens arrivaient à la mouture, il se taisait aussitôt, se souvenant du dicton : « Premier venu, premier moulu ». Le meûnier allait, lui, voir ce qui se passait à l’auberge, et les bonnes commères restaient seules à causer entre elles.

En hiver, les enfants passaient presque toute l’après-midi dans la pièce du four, et derrière le poêle ; le four était grand, car le lit de la servante y était placé, et Marie y avait encore tous ses joujoux et ses poupées. Quand les enfants s’y rassemblaient, le four en était tout rempli ; et sur la marche la plus haute ils plaçaient le grand chien de garde. On célébrait chaque dimanche, en ce four, les noces de quelque poupée. Parmi les poupons, on choisissait le Ramoneur pour fiancé et le Nicolas pour curé. Puis, l’on mangeait, buvait et dansait. Il arrivait assez souvent qu’un des enfants marchât sur la patte du chien, qui se mettait à hurler jusqu’à interrompre la conversation dans la chambre voisine. « Je vous en prie, enfants, » disait la mère, « n’enfoncez pas le four : je dois cuire demain ! » Et tout redevenait calme dans le four ; on y jouait au papa et à la maman ; et la cicogne apportait un tout petit enfançon à la jeune mère. Adèle, qui ne savait pas faire les honneurs, remplissait le rôle de sage-femme ; Guillaume et Jean étaient parrains et présentaient l’enfant au baptême, sous le nom de Jeannot. Et l’on servait, à nouveau, le dîner de baptême, un