Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/53

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 43 —

À son retour de l’église, grand’mère quittait sa robe des dimanches, en passait une de toile et faisait sa revue du ménage. Après le dîner, elle aimait à reposer sa vieille tête sur les genoux de Barounka, à se laisser chercher des cheveux vivants, qui, disait-elle, lui démangeaient beaucoup. Elle s’endormait ordinairement pendant l’opération, mais non pas pour longtemps. En se réveillant elle s’étonnait toujours de ce qu’elle se fût endormie, et disait : « Allons ! Je ne peux pas comprendre que mes yeux se soient fermés. » Dans l’après-midi, elle allait au moulin avec les enfants, comme si c’eut été chose convenue pour eux que ce passe-temps réjouissait fort ; puis, leur présence divertissait aussi beaucoup la fillette du moulin, nommée Marie, et qui était de l’âge de Barounka.

Devant la porte du moulin, entre deux tilleuls étaient érigée une statue de saint Jean Népomucène : La meûnière, quelque femme de Žernov et la jeune Marie se trouvaient habituellement assises sous ces tilleuls, le dimanche, dans l’après midi. Le meunier s’y tenait debout devant elles, jouant avec sa tabatière qu’il tenait toujours entre ses doigts et leur racontant quelque histoire. Aussitôt qu’elle avait aperçu de loin grand’mère avec ses petits enfants, Marie s’élançait à leur rencontre pendant que son père en toilette ordinaire, en pantouffles, les pantalons retroussés, et en jaquette grise, s’en allait lentement derrière elle, et accompagné de la femme de Žernov. Quant à la meûnière, elle rentrait vite au moulin, en vue de préparer quelque chose aux enfants, « afin qu’ils se tinssent un peu tranquilles, »