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matin. Parfois on s’arrêtait pour se demander les uns les autres comment ça allait ici ou là, et à Žernov et au moulin. Mais en hiver, il était rare qu’on rencontrât quelqu’un de Žernov allant à la messe à la petite ville, car le chemin qui y conduisait sur des pentes raides, était dangereux. Ils préféraient aller y assister à Studnitz ou à la Montagne-Rouge. Le chemin qui conduisait à ces deux villages était plus facilement praticable ; ce qui n’était pas le cas en été ; la route en était agréable aux vieux, et aux jeunes encore davantage. Celle qui conduisait par les prairies à la petite ville, était bien fréquentée le dimanche. Ici on voyait une vieillotte qui cheminait lentement, la tête couverte d’un fichu blanc ; et à ses côtés, marchait, en s’appuyant sur un bâton, un vieillard. Assurément qu’il devait être bien âgé, car il portait dans ses cheveux un peigne, dont la mode fort ancienne n’était restée qu’aux plus âgés de ces vieillards.

Les femmes étaient coiffées de bonnets blancs, disposés par derrière en façon de colombe ; les hommes, en bonnets de peau de mouton, marchant plus vite, les devançaient ; ils traversaient d’un pas rapide le long pont conduisant à l’autre rive. Des filles arrivaient, du haut de la côte en bas, et d’un pas qui dansait presque ; elles étaient lestes comme des biches ; et derrière elles, arrivaient les garçons, vifs comme des cerfs. Ici, on aperçoit, à travers les arbres, une manche blanche ; là, se trouve retenu par les broussailles un ruban rouge, attaché à l’épaule ; plus loin, on voit le jaquet brodé à vives couleurs, d’un jeune garçon ; et il en est ainsi jusqu’à ce que toute cette gaie compagnie fasse son entrée sur le vert gazon.