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en notre jeune temps » ; et tout restait comme auparavant.

Madame la meûnière cheminait ordinairement avec grand’mère et parfois aussi avec quelque autre personne de Žernov, le village le plus rapproché du moulin. Madame la meûnière portait une robe longue, une jaquette de satin et un bonnet relevé en argent. Sa petite taille, un peu bien prise, allait jusqu’à l’embonpoint ; ses yeux noirs avaient une expression très-vive, mais gaie ; son nez était petit et camus ; la bouche, avenante ; elle avait aussi double menton ; elle portait le dimanche un collier de perles ; et les jours ouvriers, des grenats ; son bras retenait un long panier rond, tressé en paille et rempli des épices dont elle avait besoin pour son ménage.

Derrière les femmes venait le meûnier, ordinairement accompagné d’un compère. S’il faisait très-chaud, il portait, au bout d’un bâton et par dessus son épaule, un habit de couleur grise. Les dimanches, ses bottes étaient luisantes et lui montaient à milieu des mollets ; elles étaient à houppes par le haut ce qui plaisait fort aux garçonnets. Sur la tête, il portait un bonnet très-élevé, fait de peau d’agneau. L’un des côtés était orné, du haut en bas, de nœuds ou cocardes bleues. Son compagnon était vêtu de la même manière ; seulement, son habit long, à plis par derrière, et avec garniture de boutons en plomb, était, non pas gris, mais vert, le gris étant la couleur préférée de père meûnier, parce que c’est la couleur des meûniers.

Les paroissiens qui allaient à la messe de dix heures, saluaient ceux qui revenaient de celle du