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s’il était pour lors à la maison, se rendaient à la grand’messe et emmenaient leurs enfants à la rencontre de leur grand’maman. Tout en l’apercevant de loin, ils couraient au-devant d’elle, comme s’ils ne l’avaient pas vue depuis un an. Grand’mère leur paraissait toujours un peu changée le dimanche ; son visage, plus clair, en paraissait encore meilleur ; puis, elle portait aussi des vêtements plus beaux ; des chaussures neuves et noires ; et sur la tête, un bonnet blanc qui, en arrière, s’arrangeait en ailes de pigeon ; la colombe en était si gentille qu’on aurait pu la croire vivante. Aussi enfants disaient-ils que grand’mère était extrêmement belle le dimanche.

En arrivant auprès d’elle, ils voulaient lui porter chacun quelque chose. Elle remettait à l’un son rosaire ; à l’autre, son fichu. Mais Barounka, en sa qualité d’aînée, portait toujours la petite gibecière. En la voyant passer aux mains de Barounka, les garçonnets poussaient des cris peu convenables ; ils voulaient savoir ce qu’elle contenait, et même y regarder ; toutes choses que Barounka ne voulait pas permettre. Elle était donc obligée de s’adresser à sa grand’mère, pour se défendre de ses frères. Mais voilà qu’au lieu de les gronder, grand’mère tirait de la petite gibecière des pommes ou autre chose qu’elle donnait aux enfants, et la paix était faite. Madame Proschek redisait bien tous les dimanches : « Je vous en prie, maman, ne leur apportez plus rien, » et tous les dimanches elle recevait pour réponse : « Il ne saurait se faire que je ne leur rapportassev rien. Mais nous, nous n’étions point meilleures