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avec une petite voiture attelée d’un seul cheval, et qui n’était chargée que de douceurs. C’étaient des amandes, des citrons, des oranges, des savons fins et chers, des parfums, des raisins secs, des figues. Mme Proschek achetait beaucoup de tout cela au printemps et en automne, et M. Vlach offrait toujours aux enfants un cornet rempli de plusieurs de ces douceurs. Grand’mère qui en concevait grand’joie se plaisait à répéter : « Ce monsieur Vlach est fort poli ; la seule chose qui me déplaise en lui, c’est qu’il parle trop ! »

Grand’mère aimait mieux entrer en affaires avec le marchand d’huile, qui venait aussi deux fois par an ; elle lui achetait toujours une petite bouteille de baume de Jérusalem pour les blessures, et ajoutait à l’argent un grand morceau de pain.

Elle saluait avec son aimable franchise le rattacheur de vaisselle et le marchand juif ; car c’était toujours les mêmes qui venaient, comme des habitués, dans la famille. Mais s’il survenait, une fois dans l’année, que des bohémiens vagabonds parussent dans le verger, grand’mère s’en montrait fort effrayée. Elle leur portait bien vite à manger au dehors, disant qu’il valait mieux leur faire la conduite jusqu’à la bivoie.

Mais de tous ces visiteurs, le plus aimé des enfants, comme de toute la famille, était un monsieur Beyer, chasseur de Marschendorf, dans les montagnes des Géants. Il en descendait à tous les printemps en sa qualité d’inspecteur du flottage des trains de bois ou brelles qui descendaient la rivière d’Oupa.