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fussent persuadés qu’il ne fourrait pas les enfants dans son sac.

En été, quand les seigneurs résidaient à leur château, les enfants voyaient souvent la belle princesse, montée à cheval, et suivie d’un cortège de nobles seigneurs. Un jour que le meûnier l’aperçut, il dit à grand’mère : « Voici qui me revient comme si je voyais paraître la verge de Dieu (la comète), traînant sa queue après soi ! »

« Oh ! c’est bien différent, mon père meûnier, » lui répondit grand’mère, la verge de Dieu annonce le malheur à la terre ; au lieu que, quand la princesse apparaît, c’est pour être bienfaisante aux hommes. »

Et lui, de faire tourner la tabatière entre ses doigts, comme une meule de moulin, selon son habitude, et tout en grommelant ; car il ne trouvait rien à répondre.

Christine, la fille de l’aubergiste voisin du moulin, venait aussi voir grand’mère, et tous les soirs. Elle était fraîche comme une rose, leste comme un écureuil, gaie comme un merle, et grand’mère l’aimait beaucoup pour sa franche gaîté.

Elle accourait pour passer un moment, ne fût-ce que pour dire un mot. Monsieur le chasseur et monsieur le meunier, quand ils passaient, s’arrêtaient aussi pour quelques instants ; madame la meûnière visitait aussi la Vieille-Blanchisserie ; mais il était plus rare qu’elle y apportât son rouet, pour filer en société de grand’mère. La femme du chasseur, avec sa petite enfant sur les bras, arrivait aussi ; mais quand la femme de l’intendant du château