Page:Božena Němcová Grand-mère 1880.djvu/41

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 31 —

était du nombre. Grand’mère apportait aussitôt le pain et le sel ; puis, de ce qu’il y avait, pour lors, à la maison, et le chasseur oubliait bientôt qu’il avait voulu s’en retourner chez lui. Après être resté assis assez longtemps, il jurait contre son oubli, mettait son fusil sur l’épaule et s’en allait. Une fois dans la cour, il s’apercevait de l’absence de son chien. « Hector ! » criait-il, mais le chien ne venait point. « Où est donc ce maudit chien ! » criait-il encore, mais déjà tout fâché ; et nos jeunes gaillards allaient à sa recherche, tout en disant qu’il courait probablement quelque part avec leurs deux chiens, Sultan et Tyrl. Les garçons partis, le chasseur en attendant s’asseyait dans la cour, sous le tilleul. Finalement, quand il était déjà en route, il s’arrêtait de rechef, et pour crier à grand’mère : « Venez nous voir bientôt là-haut ; ma femme vous réserve des œufs de poules du Tyrol pour les faire couver ; elle vous attend depuis plusieurs jours déjà. » Le chasseur connaissait bien le côté faible des ménagères. Grand’mère répondait aussitôt par un signe de tête affirmatif et en disant : « Saluez votre femme de ma part, et lui dites que nous irons bientôt ! » C’était la manière dont, après chaque visite, se séparaient ces bons amis. Le chasseur passait près de la VieiIle-Blanchisserie, sinon tous les jours, du moins tous les deux jours, et cela toute l’année.

Une autre personne qu’on pouvait rencontrer, chaque jour aussi, vers les dix heures du matin, sur la chaussée de la Blanchisserie, c’était le meûnier. Il prenait ce temps pour aller constater l’état de la vanne, en amont du bâtiment, près de la