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« Ah ! Jusqu’en mer ! Et où est, et comment est donc la mer ? »

« Ah ! mes enfants, la mer est large et longue ; et le chemin qui y mène est cent fois plus long que celui qui nous conduit à la ville, » leur répondit grand’maman.

« Et qu’est-ce que ma baguette y deviendra ? » demanda Barounka tristement.

« Les ondes la berceront, puis la rejetteront sur le rivage. Beaucoup de monde, et aussi des enfants, se promèneront sur ce rivage, et quelque petit garçon ramassera la baguette en disant : « D’où viens-tu, petit flotteur ? Qui t’a mis sur l’eau. Assurément une petite fille qui était assise auprès du bord, bien loin d’ici ! c’est elle qui t’a cueilli et mis à l’eau. » Et le petit garçon portera la baguette à la maison, et la plantera dans le jardin ; elle deviendra un bel arbre, les oiseaux s’y reposeront en chantant, et l’arbre en frémira de joie. »

Barounka respira profondément, et toute entière à ses pensées, elle laissa tomber dans l’eau ses jupes que grand’mère fut obligée de tordre et de faire sécher. Le chasseur, qui passait justement par là, se moqua de Barounka, en l’appelant ondine : Mais Barounka le regarda sérieusement et dit : « Mais non : Il n’existe point d’ondines. »

Quand le chasseur passait, grand’mère lui disait toujours : « Entrez chez nous, monsieur notre compère ; on est au logis ! » et les garçons le prenaient par les mains et le conduisaient à la maison.

M. Proschek était heureux, lui, d’avoir un verre de bon vin à offrir à ses chers amis, et le chasseur