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« Il vous faut jeter la baguette au milieu du courant, car à rester trop près du bord, elle s’y trouve retenue par toute herbe qu’elle frôle en passant. »

Telle était la leçon de grand’mère. Et alors Barounka de cueillir une baguette, de la jeter au milieu du courant, et, si elle la voyait suivre le fil de l’eau, de demander à grand’mère :

« Que deviendra la baguette, quand elle aura flotté jusqu’aux vannes, sans pouvoir passer plus loin ? »

« Elle peut y passer, lui affirma Jean ; ne te souviens-tu pas comment, la semaine dernière, j’ai jeté une baguette à l’eau devant les vannes ? Elle tourna et se retourna plusieurs fois ; mais, tout d’un coup, la voilà sous les abées et sur les roues ; et avant que j’ai eu le temps de dépasser le moulin, elle reparaissait dans l’étang et flottait vers la rivière.

« Et où se dirigera-t-elle ensuite ? » demanda Barounka à grand’mère.

« Du moulin, elle ira vers le pont de Zlic ; du pont, sous les côtes, à la digue en bas ; autour de la colline du teinturier et à la brasserie ; et sous le rocher, elle passera entre les grandes pierres et sous l’école que vous fréquenterez l’année prochaine. De l’école, elle continuera ; par-dessus la digue, vers le grand pont ; puis elle passera à travers les prairies et vers Zvole ; et de Zvole, à Jaroměř dans l’Elbe.

« Et où flottera-t-elle ensuite, grand’mère ? » demandait toujours la fillette.

« Elle voguera bien loin dans l’Elbe, jusqu’à ce qu’elle arrive en mer. »