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à prendre dans les mains, c’est le pain ; et alors, on n’est plus étourdi ! »

« Mais, grand’mère, la foudre ne tombera pas sur notre maison ! » disaient les domestiques. Leur réflexion n’était point agréée :

« C’est le bon Dieu seul qui sait ce qui arrivera, et ce que vous ne pouvez savoir. On ne peut jamais prendre trop de précaution. Souvenez-vous-en ». Quand tout était en ordre, elle s’agenouillait devant le crucifix, faisait ses prières, s’aspergeait, elle et Barounka, encore une fois avec de l’eau bénite, mettait son chapelet sous son coussin et s’endormait dans le Seigneur.


iii.


Si quelqu’un d’accoutumé à la vie bruyante des grandes villes était descendu dans la vallée qu’habitait la famille Proschek, il aurait pu se penser : « Comment ces personnes peuvent-elles vivre ici toute l’année ? Je voudrais n’y rester qu’aussi longtemps que les roses y fleurissent. Mon Dieu ! quelles jouissances peut-on avoir ici ? » Et il y avait pourtant assez de joies, et en été, et en hiver ! Sous cet humble toit demeuraient le contentement et l’amour, qui n’étaient troublés que par les circonstances, soit du départ de M. Proschek pour la capitale ; soit par la maladie de quelque personne de la maison.

Le bâtiment n’était pas grand, mais fort joli. Autour des fenêtres, qui donnaient sur le levant, s’enlaçaient des ceps de vigne ; devant les fenêtres,