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« Mais, grand’mère », demanda à nouveau Barounka, en entendant retentir, du côté de la digue, les tristes accents d’une chanson incohérente, « Victoire a-t-elle aussi une étoile ? »

« Oui, et c’est une nébuleuse. Mais à présent, il faut aller vous coucher ; il est déjà temps, » ajouta-t-elle, comme il se faisait déjà assez obscur. Elle récita avec eux la prière : « Ange de Dieu, mon fidèle gardien ! » leur donna à tous de l’eau bénite, et les mit dans leurs petits lits. Les plus jeunes s’endormirent dans l’instant ; mais Barounka appela grand’mère auprès de son lit : « Asseyez-vous auprès de moi, grand’mère, je ne peux pas m’endormir. » Et grand’mère de prendre la main de sa petite-fille dans la sienne, et de dire avec elle des prières jusqu’à ce qu’elle eut fermé les yeux.

Grand’mère allait se coucher ordinairement à dix heures. C’était le moment où ses yeux s’appesantissaient, et où était terminée la tâche qu’elle s’était imposée dès le matin. Avant de se coucher, elle allait encore partout regarder si tout était fermé : elle appelait les chats et les enfermait au grenier, pour qu’ils ne pussent venir dans la chambre des enfants, et peut-être les étouffer ; elle arrosait chaque étincelle dans le poêle, et préparait sur la table des allumettes et le briquet. Avait-on la crainte d’entendre le tonnerre gronder dans la nuit, elle préparait un cierge bénit, enveloppait une miche de pain d’un morceau de toile blanche, et la déposait sur la table en disant aux servantes : « N’oubliez pas qu’en cas d’incendie ce qu’il y a de plus pressant