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lettre, dans laquelle sa fille, après lui avoir fait mille compliments de la part de sa tante Dorothée et de son oncle lui mandait que la maladie de celui-ci l’avait empêchée de se mettre en route, attendu qu’il n’eut pas été aimable à elle de laisser reposer sur sa tante seule la conduite du ménage et tous les soins à donner au malade. Elle écrivait que son fiancé était un très digne homme, que sa tante agréait ce mariage ; qu’elle souhaite faire sa noce et entrer en ménage vers la sainte Catherine, et que l’on n’attendait plus que le consentement de grand’mère. « Quand nous serons l’un à l’autre, et qu’il nous sera possible de partir pour la Bohème, nous irons chère mère, vous demander votre bénédiction, en même temps que vous fournir l’occasion de connaître mon Georges, que nous appelons Joura. Il n’est pas tchèque d’origine ; il est né du côté de la frontière turque ; mais vous comprendrez son langage, je suis parvenu à lui enseigner la langue tchèque plus tôt que n’a pu faire Thérèse à son Jean. J’aurais bien voulu épouser un tchèque ; et je sais que vous en auriez été plus satisfaite ; mais que faire ? on ne peut toujours commander à son cœur : et moi, j’aime mon Croate. » C’était la fin de la lettre. Thérèse en donna lecture à voix haute.

Jean qui l’écoutait se disait à lui même ; « C’est comme si je l’entendais parler cette gaie Jeanne, c’est une excellente fille, et Joura un homme bien rangé ; je le connais ; c’est le premier ouvrier dans l’atelier de cet oncle, chez qui demeure Jeanne, et toutes les fois que j’allais à la forge chez lui, j’avais toujours plaisir à voir Joura. C’est un garçon de