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hirondelles avaient emmené leurs petits de dessous le toit pour leur apprendre à voler ; un chaton du mois de mai était couché près des autres chats dans la chambre du poêle où Adèle se délectait à jouer avec lui. Sa poule noire se promenait suivie par ses poussins ; Sultan et Tyrl sautaient toutes les nuits dans l’eau pour attraper des rats ; ce qui fit pour les vieilles fileuses une occasion de raconter qu’auprès du petit pont, près de la « Vieille Blanchisserie » il y avait un ondin.

Adèle allait souvent avec Ursule conduire la vache au pâturage ; elle accompagnait aussi grand’mère quand elle allait cueillir des simples ; ou encore elle s’asseyait à côté d’elle dans la petite cour sous le tilleul, dont grand’mère faisait déjà sécher les fleurs, pendant que sa petite-fille lui faisait la lecture. Vers le soir, quand elles allaient à la rencontre des enfants, elles passaient à travers champs ; grand’mère examinait les chenevièvres ; puis elle aimait à considérer la vaste étendue des guérets du château, dont les riches épis se doraient alors très vite, et quand le vent agitait leurs ondes légères elle n’en pouvait détacher ses yeux. Elle disait toujours à Coudrna, qui en faisant sa tournée de garde-champêtre allait ordinairement la rejoindre : « Quelle joie de voir cette bénédiction du Ciel ! Oh ! Dieu épargnez-nous le malheur d’une grêle !

« C’est que nous avons une chaleur étouffante » dit Coudrna, en levant ses regards vers le ciel.

Quand ils passaient près des champs de pois, il n’oubliait jamais d’en jeter quelques cosses dans le tablier d’Adèle, se disant dans sa conscience que